Je suis un officier retraité de l’armée américaine. Après 22 ans de service, je suis resté travailler en Allemagne sur la base aérienne de Ramstein. Je suis l’agression russe contre l’Ukraine depuis 2014. Lorsque l’invasion de grande envergure a commencé, je n’ai pas hésité à postuler et je suis venu en Ukraine. En voyant ce que la russie faisait, j’ai compris : je ne pouvais pas rester à l’écart.

Je suis d’abord allé à Rivne, où il y avait déjà des instructeurs internationaux. Nous avons formé les combattants et collecté du matériel, des uniformes et des chaussures, car au début, il n’y en avait pas assez. Un an plus tard, en 2023, j’ai rejoint une unité internationale nouvellement créée, composée de volontaires biélorusses. C’étaient les meilleurs soldats que j’aie jamais rencontrés. Nous avons participé à plusieurs opérations de combat. Je cherche maintenant une unité à rejoindre.

Je suis un soldat de la Guerre froide (1946-1989). J’ai servi à Berlin lorsque nous étions encerclés par les troupes soviétiques. Et aujourd'hui, je défends à nouveau ces mêmes valeurs : la liberté et le droit du peuple à la liberté. Cette guerre ne vise pas seulement la liberté et l'indépendance de l'Ukraine. C'est une lutte entre le bien et le mal, c'est une question de valeurs. Et je suis du bon côté.

On voit comment, en russie, on glorifie à nouveau le corrompu Staline, on lui érige des monuments, on revient aux symboles soviétiques. Mais nous n'avons pas oublié l'Holodomor et ses autres crimes. Dans les années 1990, je pensais que les russes avaient changé. J'avais tort : ils n'avaient pas changé. poutine n'est qu'une partie du problème. Même s'il disparaît, le système perdurera. La russie ne changera pas tant que son armée ne connaîtra pas la défaite. Nous ne pouvons pas espérer qu'ils s'éclairent. Leur société est bâtie sur le mensonge, leurs enfants subissent un lavage de cerveau dès l'enfance, il n'y a donc pas de pensée critique indépendante.

Certains disent simplement : « Paix, paix, nous voulons la paix. » Mais ils ne comprennent pas ce qui se passe actuellement. Vivre dans un territoire occupé, où des gens sont torturés, violés et des enfants enlevés et emmenés en russie, n'est pas synonyme de paix.

Si les Ukrainiens ne se battent pas maintenant, leurs enfants se battront. Il n'y a pas d'alternative. Aucun pays voisin ne connaîtra un monde stable si l'armée russe ne subit pas la défaite en Ukraine. C'est ce que comprennent la Pologne et les États baltes. Pour l'Europe, le seul moyen d'éviter la guerre est de s'y préparer. Je suis historien de formation et je sais que pour la paix, il faut se préparer à la guerre.

En Europe, on entend dire que les gens sont las de la guerre. Cela peut paraître étrange, car il n'y a pas de guerre dans leurs pays. Mais ils en ont tout simplement assez. Ils rêvent d'un passé aussi paisible et confortable. Or, il est impossible de s'accrocher au passé. Tous les Européens doivent comprendre la menace que la russie représente pour eux.

À ceux qui sont prêts à se battre pour l'Ukraine, je conseille d'en apprendre un peu plus sur ce pays et son histoire. Internet est désormais disponible, ce qui facilite la tâche, même assis aux toilettes. Bien sûr, préparez-vous. La guerre n'est pas un jeu vidéo. Il n'y a pas de bouton de réinitialisation. Assurez-vous d'être physiquement prêt. Et, si possible, essayez d'apprendre au moins un peu d'ukrainien. Les gens vous en seront reconnaissants.

Il y a des gens formidables et sympathiques en Ukraine. Un jour, j'ai perdu mon portefeuille, puis un policier ukrainien l'a retrouvé, a enregistré mon numéro de téléphone grâce à mon abonnement à la salle de sport et me l'a rendu. Les Ukrainiens, les jeunes, ne sont jamais retournés en Union soviétique. C'est tout simplement impossible. Et donc, quand on me demande pourquoi je suis en Ukraine, je me pose d'abord la question des gens. J'aime l'Ukraine et je veux être ici.